La première fois que j'ai vu "E.T.", j'ai surpris stupéfait des larmes dans les yeux de mes camarades de régiment. "Ouais mais t'es trop con, c'est super triste, et en plus c'est la première fois qu'il y a un extra-terrestre sympa dans la SF". Effectivement, cette chose assez laide aux grands yeux n'est ni communiste, ni en quête de morceaux choisis de notre anatomie. Que ce soit la première fois qu'on voit un alien sympa dans la SF est gentiment risible, mais j'ai pris l'habitude de garder mes réflexions et mes références littéraires pour moi.
La première fois que j'ai vu "Starship Troopers", j'ai surpris médusé des grincements de rages chez mes coreligionnaires. "Ouais mais t'es trop insensible, c'est carrément des nazis". Est ce utile de rappeler que quand les humains arrivent quelque part c'est généralement en conquérants, en dominateurs arrivistes ? Je suis pas sioux mais tout de même... Et puis pour le coup je trouvais pour une fois des aliens résolument inhumains, pas un pet d'anthropomorphisme. Chapeau.
La première fois que j'ai évoqué de la SF avec Blue Demon, il m'a assené d'un ton qui ne souffrait aucune réplique "de toute façon tu DOIS aller voir "District 9" sinon tu ne seras jamais admis dans le cercle des Geeks to be known". Ensuite il a rajusté son casque colonial, calé son stick sous le bras, et est allé passer en revue les troupes. Et oui mes bons enfants, l'Afrique du Sud n'a pas toujours été boers ! Je l'ai suivi du mieux que j'ai pu en essayant de suivre son pas martial.
Ce que veut dire l’engagé Bougl surnommé Guignol (celui qui voit pas la référence est un putain de communiste de mes deux) dans notre petite escouade de la 506iéme Geek, c’est que oui ce film devrait être obligatoire, je dirai même diffusé dans les écoles et cela pas seulement parce que c’est le premier film de SF Sud Africain distribué par chez nous mais surtout parce que ce film est profondément antiraciste, antiautoritaire et je dirai même anticapitaliste.
Oui Ami, toi qui depuis cette été à eu droit à Transformer 2, Gi Joe, Terminator 4, voila enfin un film de SF intelligent et avec un discours de fond. Oublie donc les explosions (même si le film en est pas avare) et rentres dans une histoire humaine. Oui Neill Blomkamp nous a fait un film humaniste qui traite de la ségrégation, du racisme, de l’entubage de peuple (que je t’échange un mecha contre 100 boites de pâté de chat).
S’il a réussi ce n’est pas uniquement en tournant à Johannesburg même si l’ambiance, la lumière, le township nous renvois au temps de l’Apartheid mais c’est en faisant un mix de tous les mauvais traitements que l’homme a peut infliger à d’autres hommes qu’il qualifiait d’inférieur. Pelle mêle, on a les thèmes : l’eau de feu (ici les boites de bouffe pour chat), l’univers concentrationnaire, un surnom qui nie l’existence en temps qu’individu et les rapproches des animaux (crevette), le racisme banal, les expériences médicales, eugénisme…
Mais au delà de ca on ne peut s’empêcher de faire l’analogie avec les sans-papiers. On a ici affaire à des sans papier stellaire que personne ne veut mais par contre on aimerait bien comprendre leurs technologies et pouvoir utiliser leurs armes largement supérieur a celle de l’humanité. Car si dans le traitement nos crevettes intergalactiques sont montrées comme des primitifs très crédules, il n’est rien du cote de leur technologie que l’homme d’arrive pas a comprendre.
A noter dans "District 9" l'absence d'explication fumeuse sur le pourquoi du comment. Comme les protagonistes, on est mis devant le fait accompli, c'est comme ça, point barre. Je ferai une analogie audacieuse avec la métamorphose de Kafka : devant l'inconnu et l'inexplicable, après la peur, l'homme exprime de la colère (merci Engagé Bougl pour cette remarque).
Notre Ami Neill Blomkamp est très fort car a moins d’être un raciste congénital doté de deux neurone quand on voit le traitement que subissent les aliens, il arrive à provoquer chez le spectateur de l’empathie pour ces être mi crevette mi insecte humanoïde et ce qui est pas facile vu leur apparence car en premier lieu on est assez tenté par le délit de sale gueule et puis dans les films de SF plus c’est moche plus c’est dangereux.
Mais l’ami Neill n’est pas non plus avare en scènes d’actions et je ne vous spoilerai rien dessus mais sachez qu’elles sont nombreuses et jouissives.