Punishment Park

Punishment Park

Chose promise, chose due (ceux qui ont lu ma critique de Jeanne Dielman comprendront ), je vais essayer de parler d’un film qui m’avait vraiment bouleversé à l’époque où je l’avais vu (c’était, je pense, en 2000). Revu depuis (en juin de cette année), et l’effet est toujours le même...

Réalisé en 1971 par l’Américain Peter Watkins, Punishment Park est un film assez symptomatique de son époque et de ses troubles : celle de la guerre du Vietnam et de la chasse aux sorcières (comprenez chasse aux communistes)). Véritable charge contre la politique américaine de l’époque, cela lui a longtemps valu d’être interdit sur le sol états-unien. En gros, voici le cadre général du film.

Dans le désert californien se dressent des tentes militaires, véritables théâtres de simulacres de procès. Les prévenus (marginaux, opposants à la guerre du Vietnam, anarchistes, etc...), confrontés à un jury populaire constitué de ce que l’Amérique fait de plus puritain et conservateur, sont systématiquement tous chargés, et un choix leur est alors laissé : accepter la peine de prison qui leur est infligée (celle-ci est bien sûr disproportionnée), ou participer au Punishment Park. Les règles en sont assez simples : lâchés en petits groupes dans le désert, les participants qui rallieront, à pieds, un drapeau américain situé à plusieurs dizaines de kilomètres, gagneront leur liberté. Ceux qui seront repris par la garde nationale, lancée à leurs trousses quelques heures plus tard, purgeront leur peine. Il y a cependant quelques règles supplémentaires, et non des moindres : pas d’eau, pas de vivres, et surtout, les poursuivants (i.e. les gardes nationaux) sont équipés de jeeps et de fusils, ces derniers étant, théoriquement, uniquement dissuasifs...

Le film nous montre en parallèle le procès d’un nouveau groupe d’arrivants, et le sort qui est réservé à un groupe de condamnés ayant décidé de participer à Punishment Park. Ce procédé est subtilement choisi, car d’un côté, il nous montre le sort qui attend les nouveaux arrivants, et de l’autre, il nous permet de voir par quoi est passé le groupe de participants à Punishment Park. Mais au-delà de ça, le choix de cette structure établit en quelque sorte un synchronisme des états par lesquels passent les prévenus/participants : de la découverte des règles propres aux lieux où ils se trouvent aux phases de rébellion en passant par la tentative de médiation, jusqu’à la rencontre avec le sort qui leur est réservé.

Afin d’accentuer le choc et la répulsion qu’il provoque, le film se donne clairement des airs de faux documentaire : camera portée, image granuleuse, cadrages faits dans l’urgence, mises au point, absence de musique, témoignages des personnages face camera, acteurs non professionnels (dans la mesure où il est impossible de reconnaître qui que ce soit, l’immersion n’en est que renforcée). Bien que le film aie été réalisé il y a plus de 35 ans, il est assez étonnant, pour ne pas dire effrayant, de voir à quel point il est toujours d’actualité. D’ailleurs, et dans un cadre plus général, il est assez intriguant/fascinant de constater combien la vigueur des propos des films politiquement engagés réalisés dans les années 70, que l’on pense à celui-ci, à Network (sur les dérives de la télévision) ou encore aux Hommes du président (sur le watergate), peuvent nous sembler contemporains...

Donc réalisé en pleine époque trouble voire juste un peu après, la guerre du Vietnam se terminant...
Le film peut donc réellement avoir titre de documentaire!
Réaliste apparemment... basé sur des faits réels (le camp en question)? ou autres?

A priori, c'est purement fictionnel. J'essayerai de me renseigner un peu plus pour être sûr.

Je pense aussi parce que je n'ai jamais entendu parler de ça en réalité et je pense que ça devrait quand même être relativement "connu" si c'était réel! Je n'irai pas jusqu'à la chasse à l'homme quand même ! Ça me semble un peu gros!